
Title | : | Terrasses: ou Notre long baiser si longtemps retardé |
Author | : | |
Rating | : | |
ISBN | : | 2330189141 |
ISBN-10 | : | 9782330189143 |
Language | : | French |
Format Type | : | Paperback |
Number of Pages | : | 144 |
Publication | : | Published April 10, 2024 |
Laurent Gaudé signe, avec “Terrasses”, un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l’humanité qui éclot au cœur d’une nuit déchirée par l’impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
Terrasses: ou Notre long baiser si longtemps retardé Reviews
-
Laurent Gaudé sait comment me faire pleurer... :,(
-
J'ai l'impression que je pourrais pleurer pendant une vie entière que j'aurais quand même pas fini d'être triste...
Je crois que je pourrais relire ce livre encore et encore tellement les phrases sont belles.
Merci Laurent Gaudé pour avoir écrit ce récit émouvant et indispensable 🫶🏼 -
Je pense que c’est le livre le plus triste que j’ai lu de ma vie. Triste mais si beau, si puissant. Une expérience de lecture incroyable portée par une écriture plus que maîtrisée. On est au cœur du Mal, de la souffrance, du deuil et de la reconstruction. Puissant, vraiment.
-
Laurent Gaudé dans ce texte magistral a réussi à mettre des mots sur l'indicible.
Vendredi 13 novembre 2015, Paris, il fait une belle journée, on pense à la soirée qui devrait suivre, un verre en terrasse avec des amis, un concert, la fête. La vie qui bat son plein et jamais on n'imagine ce qui va arriver, l'inimaginable. Cette soirée d'anniversaire pour deux soeurs, l'impatience de deux amoureuses, cette mère qui s'autorise à sortir sans sa fille.... Une soirée qui très vite tourne au cauchemar, inutile de vous en dire plus cette soirée, elle est je pense gravée dans toutes nos mémoires.
C'est un texte puissant d'une extrême humanité que nous propose Laurent Gaudé. un récit polyphonique où se croisent des passants, des victimes, des survivants, des policiers, les troupes du GIGN, des soignants, un urgentiste qui devra faire d'horribles choix, des parents, des proches. Ce sont des destins brisés, marqués à tout jamais de façon indélébile.
Ce qui est incroyable dans ce texte d'une beauté extrême, sans pathos, c'est qu'à la lecture on a l'impression d'être dans la tête des différents protagonistes, l'impression d'être là, de vivre avec eux cet insoutenable cauchemar. J'ai ressenti l'horreur, l'injustice, la colère, la tristesse infinie à la lecture mais aussi de l'humanité, de la compassion. Je n'oublierai pas Mathieu et Julie ♥
Ce récit découpé en 10 séquences est un très bel hommage à ceux qui ne sont plus, à ceux qui de près ou de loin ont vécu ce drame marqués à jamais. L'écriture est poétique, sensible, pudique.
Une lecture indispensable dont on ne sort pas indemne mais où l'amour et l'humanité sont signes d'espoir.
Ma note : ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Le Hasard s'empare de nous, de tout, déchire des jeunes gens dans des flaques de sang et leur tord les traits. Il dévie nos chemins avec une joie féroce et donne à l'horreur le nom de destin.
Le Hasard continue à jouer avec nous. Il invente des retardements cruels, de faux espoirs, des trajectoires de tirs improbables, des chances inespérées, des armes qui s'enrayent. Nous retenons notre souffle. Attendons, prions, supplions, essayons d'espérer.
Toi, oui. L’autre, pas. » A une seconde près, un centimètre près. Avoir de la chance ou pas.
Il faut quelques secondes pour saccager une vie mais des années pour la réparer.
Tous inconnus les uns des autres. Tous incapables d’imaginer que nous serons bientôt unis.
Si l'enfer existe, nous y sommes. La lenteur de leurs gestes lorsqu'ils approchent d'un corps. L'assurance de leur domination sur nous. Leur calme. Il ne reste rien face à cela — que notre peur.
Y a-t-il un bruit que le malheur aurait fait en se levant et que nous aurions dû reconnaitre ?
Je suis dans la fosse. Abasourdi par l'explosion mais soulagé. Il se passe quelque chose. A partir de là, ce n'est plus un massacre, c'est un combat. Des hommes viennent à notre aide. Les tueurs vont devoir partir, se replier. Tout bascule. Vous avez fait cela. Vos balles ont éloigné la mort comme quelqu'un qui tape sur le sol pour éloigner les serpents.
Nous savons, à cet instant, que nous faisons partie de la longue chaîne de la vie qui se met en branle pour essayer de contrecarrer la mort, la longue chaîne qui s'est formée sur les boulevards, puis les ambulances, la longue chaîne de vie que la ville oppose à la barbarie, et nous nous sentons graves. Chacune sait que c'est pour cela qu'elle a choisi ce métier : soulager, guérir, sauver. Alors nous toutes, chacune à notre poste, nous essayons de ne pas laisser la nervosité nous gagner, mais comme le temps est long... Et finalement, les premiers blessés arrivent.
C'est la lenteur qui vient maintenant. Il faut quelques secondes pour saccager une vie mais des années pour la réparer. Longue patience du corps qui va devoir se rééduquer, gagner du terrain, séance après séance. Volonté des muscles d'aller plus loin, de tirer un peu plus fort, de repousser les limites, pour marcher à nouveau. Longue patience patience de l'âme qui s'effondre parfois, se met à pleurer, pense que rien n'aura plus jamais le goût d'avant puis se reprend, s'accroche. Vivre à nouveau. C'est un exercice difficile.
Nous avons appris qu'on pouvait mourir de marcher dans la rue, de s'attarder autour d'un verre avec des amis. Et pourtant, il faut continuer. Vivre. Comme on aime. Au nom de ceux qui sont tombés. Nous serons tristes, longtemps, mais pas terrifiés? Pas terrassés.
https://nathavh49.blogspot.com/2024/0... -
Gelezen in originele versie - "Les terrasses des cafés deviennent le symbole de notre mode de vie. Nous y retournons. Nous trinquons haut et fort. Mes les images de cette nuit restent en nous. Nous avons appris qu'on pouvait mourir de marcher dans la rue, de s'attarder autour d'un verre avec des amis. Et pourtant, il faut continuer. Vivre. Comme on aime. An nom de ceux qui sont tombés. Nous serons tristes, longtemps, mais pas terrifiés. Pas terrassés. (p. 131).
13 november 2015. We herinneren ons de angstaanjagende en vreselijke beelden van de plotse, brutale aanslagen in Parijs. Op enkele terrassen waar mensen, vaak twintigers, een glaasje dronken met vrienden -want het was die avond uitzonderlijk zacht voor het seizoen. De Bataclan: mensen die aan het dansen waren en massaal neervielen onder de kogels van IS. Het valt me zelf ook op dat we deze feiten, zonder dat zelf te willen, gaan verdringen, gaan "vergeten". Het boek van Laurent Gaudé herinnert er ons aan. Met veel zin voor details, soms gruwelijke details. De auteur laat allerlei mensen die betrokken waren bij de aanslagen (slachtoffers, reddingswerkers, politiemannen, getuigen, ...) "aan het woord": je leest letterlijk al hun gedachten. Of: wat zouden ze gedacht hebben op elk ogenblik van deze aanval? Hoe beleefden ze hun laatste minuten? Wat ging er in hen om? We herkennen de gevoelens, en toch ook niet. Want we beseffen: dit kan je niet vatten als je dit niet meegemaakt hebt. En ook: dit blijft je hele leven aan je plakken. Het verhaal van Gaudé is aangrijpend, in al zijn eenvoud. Omdat hij vertelt hoe het was. Zijn taal zegt meer dan alleen de beelden... Literatuur die je bij de keel grijpt. -
C'est un tout petit livre qui se lirait bien d'une traite si ce n'était pas trop difficile. Si le besoin d'émerger et de respirer n'était pas aussi fort.
"Terrasses" est le récit original et touchant de ces 24 heures d'horreur qu'a vécues Paris le 13 novembre 2015. À travers les voix de tous ceux qui ont traversé ce drame : ceux attablés dans les terrasses des différents restaurants, ceux dansant et chantant au Bataclan, les badauds, les voisins, les policiers, les forces d'intervention du GIGN, les infirmières, les pompiers, les parents, les maris... tous ceux dont la vie a été bouleversée à jamais par ce vendredi 13.
C'est touchant, profond, doux, ça parle d'amour, de bonheur, de l'envie de vivre, de la cruauté du hasard. Mais jamais de haine. Toujours d'espoir. -
5*
Roman bouleversant qui décrit vividement la fébrilité et la déchirure vécues en France pendant les attentats de Paris de 2015.
J'ai versé une larme chaque fois que j'ai ouvert cette oeuvre pour continuer ma lecture grâce à la plume poignante de Laurent Gaudé. Il réussit à imprégner d'émotion les récits de tous ses personnages sans tomber dans l'exagération. Rien à dire - un 5 étoiles bien mérité. -
Poignantes toutes ces voix qui se lèvent pour raconter l'incroyable, narrer l'impensable et dire l'indicible douleur de donner la mort, de se laisser mourir ou d'évincer la mort.
Laurent Gaudé donne la parole à tant de voix racontant leurs sorts scellés ce vendredi 13 là et marquant à jamais les mémoires,
Un hommage vibrant pour que ces âmes puissent reposer en paix et qu'on ne les oublie pas... -
Quand l'écriture permet d'être transportée, émue, bouleversée sur un sujet sur lequel on a déjà tant lu, On a déjà entendu les survivants, les familles, les témoins mais Laurent Gaudé leur donne ses mots et c'est magnifique.
-
Un petit livre qui se lit d'une traite. Une force narrative qui nous fait être sur place. Un hommage à toutes ces vies, celles qui continuent d'exister, celles qui se sont arrêtées à la loterie du Hasard. Toi oui, toi non. Que ces personnes ne soient pas réduites à un nombre, mais que leur expérience puisse être entendue. Et surtout faire en sorte que la pulsion de vie soit la plus forte afin que nous ne soyons pas terrassés. Nous trinquerons haut et fort!
-
Vous allez lire l'enfer, décrit avec une plume divine.
-
Mon libraire préféré m’avait susurré que je ne pouvais passer à côté du dernier Laurent Gaudé. Mais, attention, m’avait-il dit, pour le lire, il faut choisir un jour de grand soleil avec à son côté, un verre de Mojito ! Ce à quoi, voulant faire ma maligne, j’avais répondu que la bouteille serait peut-être la bienvenue !
Rentrée chez moi, il faisait beau avec du temps devant moi. Mais trop tôt, quand même, pour le Mojito. J’ai ouvert le livre Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé. Je l’ai refermé lorsqu’il fut fini, le cœur ému mais fier que Laurent Gaudé ait mis en mots, de si belle manière, cet événement qui restera gravé à jamais dans nos mémoires.
Ce n’est pas une énième analyse, observation ou explication des attentats du 13 novembre 2015. Laurent Gaudé choisit de mettre en scène des instants de vie le jour même et la nuit qui a suivi les meurtres. Son théâtre de personnages, si justement croqués, s’anime au fil des heures, de l’inconscience bienheureuse à la reconnaissance de la peur.
« Bientôt, nous oublierons parce que tout ce qui précède va être avalé par ce qui vient.«
À partir de moments simples, ordinaires, noyés dans le quotidien, ses personnages deviennent héros et martyrs au fil des heures. Certains ne se relèvent plus, laissant leurs proches à jamais orphelins. D’autres, atteints à vie, doivent surmonter le souvenir des heures de cauchemars pour essayer de continuer à vivre. Et, puis, il a tous ceux, professionnels ou simples passants, investis, malgré l’horreur dans le sauvetage,
La puissance narrative est si juste que chacun peut se retrouver dans ces saynètes à un moment ou à un autre. La vie y pulse par de grandes bouffées d’émotions. Au-delà des faits, Laurent Gaudé choisit d’exposer des ressentis, racontant des bribes, comme des photographies prises sur le vif.
La puissance du texte met en valeur sa qualité littéraire ! Même s’il décrit le chaos, les larmes, l’inquiétude et la souffrance, Laurent Gaudé y oppose la vie, le désir, l’amour, la joie, le courage, l’empathie et tant d’autres choses encore ! Tout ce que les meurtriers n’avaient plus.
« Le monde hurle face à eux. Tout le monde s’écarte, court se mettre à l’abri. Comme c’est jouissif. Sous leurs pieds, même le trottoir gémit.«
L’écrivain forme ainsi une chaîne à opposer à toutes leurs barbaries, comme des mailles nouées autour des valeurs de solidarité et d’empathie. Des petits gestes à la colonne du Raid, du premier urgentiste obligé de trier les blessés, du pompier d’à peine vingt ans, c’est l’humanité de notre monde que Laurent Gaudé célèbre comme un hommage à la vie.
Rien n’est occulté. Ni les grandeurs, ni les bassesses. Ni surtout les souffrances. Mais ce récit, Terrasses ou Notre baiser si longtemps retardé, transmet ce dont chacun des tueurs voulait nous priver : la joie, le désir, l’envie d’être ensemble, le partage, l’insouciance, et tout simplement, notre faculté à être heureux. Leur projet était de nous inculquer la peur, de nous prendre notre liberté, de faire cesser notre insouciance. Certes, nous cherchons les issues de secours, mais nous continuons à fréquenter les terrasses !
Alors, le mojito est bien à déguster pour célébrer la vie, accompagnant, pourquoi pas, la lecture de Terrasses ou Notre baiser si longtemps retardé ! Laurent Gaudé choisit de faire revivre notre traumatisme des attentats du 13 novembre 2015 pour opposer à la barbarie, la puissance de la vie ! Magistral !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/20... -
Un livre très difficile à lire, puisqu’il aborde les événements du 13 novembre 2015 qui ont eu lieu à Paris.
Le roman suit de près la chronologie des événements du 13 novembre en ayant recours à la polyphonie. L’escouade tactique, le premier médecin qui entre au Bataclan, les infirmières, les témoins, les parents qui attendent des nouvelles de leurs enfants, les personnes qui seront sur les lieux des événements et qui seront entre la vie et la mort… Tous sont présents dans ce livre. L’écriture est magnifique et extrêmement touchante. Impossible de ne pas verser de larmes. -
Laurent Gaudé. Une des plus belles plumes de l'Hexagone.
Un récit des événements du 13 novembre 2015 à Paris d'une grande maîtrise. Cet auteur ne cesse de m'impressionner par la qualité de son écriture.
Quelqu'un, quelque part a écrit "un éblouissant témoignage, complet, poignant, qui n'oublie personne sans jamais tomber dans le pathos" et c'est exactement ça.
Denis Marleau vient d'en faire la mise en scène au Théâtre de la Colline à Paris avec tout le succès que l'on sait.
Que dire de plus. Il faut le lire, toute séance tenante! -
" je voudrais avoir le temps de dire adieu à ce que je suis, mais je ne l'ai pas. Je voudrais avoir le temps de penser à ceux que j'aime et que je laisse mais tout ce qui me vient à l'esprit, c'est la longue liste de ce que je ne ferai plus..."
-
Tellement fulgurant et puissant ! Gaude est l’un de mes écrivains préférés et ce n’est qu’une confirmation de plus ! Il maitrise la langue et fais passer toutes les émotions par sa plume….
-
Wow. Laurent Gaudé a réussi à reconstituer les événements et décrire ce drame de manière fragmentée à travers les voix de plusieurs individus, rendant la lecture captivante et légère malgré la noirceur du sujet.
-
Une lecture difficile et forcément très émouvante. Nécessaire aussi, je crois, pour se rappeler des victimes.
-
Un récit bouleversant que seul Laurent Gaudé peut nous conter avec tant de délicatesse.
-
J’ai retrouvé mon souffle une fois que j’ai tourné la dernière page. Ce récit est indescriptible. D’une beauté époustouflante, la plume vous emporte et vous ne pouvez pas vous arrêter de lire. La peur, l’espoir, la colère, les larmes et enfin la résilience sont autant d’émotions que l’on ressent en lisant. L’auteur réussit la prouesse de conter l’indicible.
Ce récit est l’un des plus beaux que j’ai lu et mérite bien plus que 5/5.
A lire absolument par tout le monde. -
Le thème est horriblement triste, et l’auteur réussit à parfaitement trouver les mots justes et puissants. Dommage qu’il se sente obligé de décrire le toucher d’un pull en cachemire sur les seins par exemple. Ça se voit que c’est un homme derrière la plume.
-
J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
J’ai connu au début quelques difficultés à suivre le récit : la multiplicité des points de vue peut rendre difficile la compréhension. Néanmoins, je me suis très vite sentie happée par le récit, terrassée par ses appels au désespoir. Je comprends évidemment l’objectif ici : que ces drames individuels deviennent globaux. Cette fois-ci, le hasard nous a laissés tranquille.
Certaines scènes m’ont anéantie : ces centaines de téléphones qui sonnent dans le Bataclan, sans obtenir la réponse tant espérée, Julie, morte auprès de cet inconnu, Mathieu, lui permettant de ne pas partir seule, ces jumelles qui ont quitté ce monde en même temps…
Il est remarquable qu’au-delà des victimes et de la police, les autres catégories, si souvent omises, ont été prises en compte, à l’instar des infirmières et - surtout - des femmes de ménage.
« Ici, le meurtre, et trois rues plus loin, la douceur. Est-ce possible ? Ici, le sang, et dans le quartier d’à côté, le vin blanc joyeusement partagé. À deux cents mètres de là, on vit. Personne ne sait que nous crions, que nous saignons. La mort ne frappe que ce carrefour. Partout ailleurs, c’est encore une belle soirée. » (p. 31)
« Nous les voyons passer, sans savoir vraiment ce qui vient d’avoir lieu. Nous les entendons pousser des cris de victoire sans pouvoir imaginer ce qu’ils ont fait. Nous ne savons pas encore que c’est la Mort que nous avons croisée ce jour-là, qu’elle nous a doublés, insultés, ou pire, nous a souri avec un air fou.
Toi, oui. L’autre, pas. Le Hasard a pris possession des rues. C’est lui qui décide. Il sourit parce qu’il sent que ce soir, il va se bâfrer. » (p.35)
« Je marche sur ceux qui tombent. Est-ce que je peux le dire ? Je ne regarde même pas ceux que j’écrase. Je ne le fais pas par méchanceté ou par calcul. Je le fais parce que je n’obéis plus qu’à une seule voix : celle de mon corps qui me dit de sortir. Coûte que coûte. » (p. 63)
« Les téléphones sonnent. Tout le monde a appris qu’il y a une attaque. Les familles s’inquiètent, appellent. Je suis au milieu d’un tas de morts dont les téléphones sonnent. À l’autre bout, il y a ceux qui ne savent rien mais vont bientôt pleurer. À l’autre bout, des mères commencent à sentir que quelque chose ne va pas, n’ira plus jamais. » (p. 88)
« Mais le monde repart. Forcément. Les gens reprennent le cours de leur vie. Et pour nous, tout va trop vite. Tout est futile. » (p. 121)
« Aller en terrasse pour défier l’ennemi, c’est encore y penser. Il faudra du temps pour qu’un jour, enfin, nous nous asseyions en toute innocence. Ce jour viendra. Et alors, vraiment, nous aurons gagné. Car vous serez effacés. » (p. 127) -
Tranche de vie : je me souviens du 13 novembre 2015. J’étais à Paris pour une dernière nuit avant de reprendre l’avion. Je me réveille alors que j’ai des dizaines de messages et appels manqués. Famille et amis au Québec n’étaient pas encore couchés et tentaient de nous joindre pour savoir si on allait bien. C’est là que j’ai appris que des attentat avaient eu lieu à Paris.
Terrasses est un magistral récit polyphonique où les voix s’additionnent pour nous plonger au cœur des attentats terroristes du point de vue des victimes, des blessés, de leurs familles, des intervenants de première ligne. Ce condensé d’expériences ne nous laisse pas indemne. On a l’impression d’une tornade. D’abord l’éclatement. Ensuite le silence assourdissant dans l’œil de la tempête avec cette impression que le temps est en suspens. Puis à nouveau le maelström émotif.
Tout au long de la lecture, sous la plume experte et ultra sensible de Laurent Gaudé, on passe par le choc, la terreur, la douleur, le chaos, mais aussi le courage, l’empathie, la bienveillance, l’amour, l’espoir.
À lire ! -
Ouffff! Lecture coup de poing, retour sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. J'ai adoré la façon dont l'auteur a mêlé les témoignages, ceux des morts, comme ceux des vivants (rescapés, proches, secouristes, forces de l'ordre, etc.). Ces personnages fictifs mais tellement crédibles mêlent leur voix et nous replongent dans l'horreur de cette soirée chaude d'automne. On est avec eux, heureux, en terrasses puis au Bataclan avant l'assaut. On ne peut que s'identifier à eux ensuite, alors qu'ils sont sous le joug de Daech. On partage tout avec eux, la peur, l'espoir, la solidarité. C'est magnifiquement bien écrit, tellement percutant qu'on ne peut lâcher le récit de cette soirée avant qu'il ne se termine. La lecture est éprouvante, bouleversante, mais sans exagérations pathétiques. Juste mesure, poésie des mots même.
-
Ce récit est court mais tellement puissant !
Impossible de ne pas le lire d'une traite.
Cette lecture était dure mais tellement importante.
Le mal est venu, le mal à frapper, le mal ou ... plutôt l'enfer.
Victimes, survivant.es, forces de l'ordre, personnel des hôpitaux, familles des victimes ... à jamais marqués.
Laurent Gaudé a une plume particulière que je trouve très délicate et il en fallait de la délicatesse pour écrire ce récit avec de si jolie phrases.
Un récit qui ne peut laisser insensible.